Lancez votre projet musical avec le crowdfunding

Ah le crowdfunding ! Ces dix dernières années, le financement participatif sur internet aura tout bonnement changé le game de l’entrepreneuriat. Des concepts complètement fous, des bouleversements technologiques, artistiques et écologiques : le temps des galères pour un crédit en banque est définitivement révolu pour les créateurs. Alors, entre la conception du jeu Star Citizen et une Fiat Multipla de 1000 chevaux : comment le crowdfunding peut participer à votre aisance financière de musicien-ne ?

Financement participatif : comment ça marche ?

Si les plate-formes sont nombreuses, le principe global reste inchangé.

Vous mettez en ligne le projet que vous souhaitez voir financer, avec un objectif (un montant à atteindre), des étapes intermédiaires et - pendant une durée déterminée - n’importe qui peut vous aider à financer votre idée.

De l’euro symbolique à des sommes astronomiques, l’utilisateur reste libre de verser le montant qu’il souhaite. En revanche, il ne recevra pas la même contrepartie.

Plus la somme injectée dans le projet est importante, plus la contrepartie est intéressante. Bien sûr, la contrepartie est versée lorsque les 100% du financement sont atteints. Si ce n’est pas le cas, les utilisateurs sont remboursés par la plateforme.

Attention

Certains sites peu scrupuleux n’hésitent pas à prendre tout l’argent collecté sans le reverser aux contributeurs. Dans cet océan de sites, soyez vigilant et lisez bien les retours d’expériences des meneurs de campagne comme des contributeurs.

Ce principe, c’est celui du reward-based crowdfunding (financement participatif basé sur la récompense) lorsqu’on “appâte” le don en fonction de la récompense associée.

Mais il existe aussi le crowdfunding “désintéressé” (donation-based crowdfunding), le crowdlending (particuliers qui prêtent aux entreprises ou d’entreprises vers entreprises) ou encore le crowd-equity (les internautes deviennent des actionnaires d’entreprises).

Vous l’aurez compris, c’est bien le donation-based et surtout le reward-based qui nous intéressent dans notre domaine.

Porter un projet musical avec le crowdfunding

Eh bien justement : la première erreur est peut-être de percevoir le financement participatif comme une éventuelle source de revenus. Il s’agit avant tout de porter un projet : c’est d’abord lui qui est financé par votre public.

Ainsi, concevoir un lancement musical sur un site de financement participatif est à rapprocher du principe de la pré-vente.

Prenons un cas de figure concret et disons que vous voulez sortir un E.P. bien professionnel. Disons aussi que vous êtes à un cheveux de réussir, mais qu’il vous manque 3 000€ pour le produire.

Vous possédez déjà une centaine de fans (disons qu’il s’agit de vos élèves et que vos concerts sont bien énervés 😃) et ils sont chauds bouillants pour soutenir votre projet. La contre-partie évidente est que chaque contributeur recevra un E.P. en avant première et à un tarif inférieur à celui du grand public ! Voilà donc un excellent moyen pour vous de vous assurer que votre E.P. sera bien vendu, et ce avant même sa sortie. Pour eux, c’est une action sincère de soutien et le sentiment de faire partie intégrante de votre communauté, d’être spéciaux à vos yeux.

Mais comment donc se lancer dans le crowdfunding musical ?

C’est bien beau tout ça et ça pourrait largement vous aider à concrétiser vos rêves musicaux les plus fous. Mais une campagne de financement participatif, c’est pas donné et ça se prépare !

Le ratio

Le ratio sur les crowdfunding est en général de 1/3 : 1€ dépensé = 3€ de levé.

1. Préparer le crowdfunding

   Le texte, les images, les paliers de contrepartie ou encore les vidéos : des contenus qui donnent envie de vous aider à concrétiser votre projet.

   Vous pouvez aussi montrer un aperçu de votre clip ou de votre EP si vous avez déjà des rushs.

   En bref, vous devez préparer une belle histoire à raconter à vos futurs contributeurs. C’est ce qu’on appelle le storytelling. On veut bien participer à changer le monde mais il faut nous donner envie ! C’est dans ce but que la plupart des artistes n’hésitent pas à parler d’embrouilles avec leurs maisons de disques ou de leur liberté créative souillée, de projets plus ambitieux, de démêlés judiciaires… La tendance actuelle est d’ailleurs assez transparente sur le sujet et met souvent en avant des chiffres (“nous avions besoin de tant pour mener tel projet mais”).

   Outre le contenu : fixez un montant inférieur à celui auquel vous prétendez idéalement. Non attendez : c’est tout simplement pour être certain-e de réussir votre campagne et de bénéficier d’un effet psychologique de réussite en affichant, à terme, un dépassement de l’objectif.

2. Annoncer le lancement du crowdfunding avant de le poster (1-2 mois auparavant)

   Glanez quelques participations futures dans votre communauté et annoncez en grande pompe l’ouverture prochaine de votre crowdfunding.

   C’est aussi le bon moment pour revoir vos calculs. En fonction de la plateforme choisie, des frais engagés dans le travail visuel, les sessions chez Studiomatic, les goodies et contreparties que vous offrirez à vos contributeurs.

3. Fédérer votre communauté

   Vos fans de la première heure pourraient mettre 10€ chacun pour vous aider à avoir une somme de départ. Rien de plus démotivant que d’arriver sur une page de crowdfunding qui affiche 0€ dans la cagnotte.

4. Apparaître dans la presse et disposer d’articles mentionnant votre projet pour le jour de votre lancement

   L’idée est de disposer de documents “sérieux” qui disent toute ta motivation à concrétiser votre projet. C’est autant de revues de presse qui viendront garnir votre page projet ! Outre les médias “classiques”, tournez-vous vers des bloggers, des podcasteurs, des créateurs de niche qui sauront mettre en lumière votre projet sur leurs médias. Choisissez des créateurs qui sauront toucher votre audience de prédilection.

5. Prévoir une publicité massive sur les réseaux pour les 15 premiers jours de la campagne

   On l’a dit : 1€ dépensé = 3€ levés. Alors on ne lésine pas pour les publicités sur les réseaux et on sort l’arsenal. On veut du lourd !

   C’est parti pour de l’Advertising sur Facebook et Instagram. Au total, prévoyez 25% de votre budget global pour réaliser une belle campagne sur les réseaux sociaux. Utilisez à nouveau vos contenus vidéos pour un meilleur impact.

Quelques exemples de campagnes de financement participatif musicales

En fin d’article, vous trouverez un exemple concret avec un petit groupe de Baltimore. Mais, pour vous donner une petite idée des sommes qui peuvent être soulevées par des campagnes, voici trois petits exemples - trois fois rien hein.

• A visual History, l’album photo deluxe des Pixies est le fruit d’une campagne de financement participatif (+234 000$ récoltés par ~2 300 contributeurs)
• Amanda Palmer (& The Grand Theft Orchestra) ont lancé une grande campagne qui aura engagé près de 25 000 contributeurs pour +1 192 000$ récoltés.
• De La Soul - absents depuis 2004 - ont engagé +600 000$ pour la sortie de leur dernier album (en 2017). Ci-dessous, la vidéo du lancement du Kickstarter.

Embedded content: https://www.youtube.com/watch?v=CU–bVODrz0

Quelques exemples de goodies plutôt stylés pour les campagnes de crowdfunding en musique

En farfouillant un peu, on peut trouver de belles idées de récompenses pour des campagnes de crowfunding.

• Exemplaires signés / numérotés, en format vinyl ou C.D.
• Des fringues type hoodie, t-shirts - là encore on peut imaginer des exemplaires signés
• Des objets (paroles originales manuscrites, clés USB personnalisées, baskets personnalisées, coques de téléphone exclusives, posters, mugs)
• Votre participation à des showcases (“on joue chez vous”)

Quelle plateforme de crowdfunding choisir ?

Le nombre de sites de crowdfunding donne tout bonnement le vertige. Il est donc primordial de faire votre choix en fonction de la commission **appliquée (attention aux frais de transfert qui s’ajoutent au frais de transaction !), mais aussi du **nombre de projets qui ont été menés à bien.

Prenez le temps de regarder si des projets musicaux (comparables ou non au vôtre) ont déjà reçu des participations. Est-ce que les campagnes se sont soldées par des produits tangibles ? Des clips ou des E.P. qui sont aujourd’hui sortis ?

Plus généralement, est-ce que votre “cible” connaît cette plateforme ? Est-ce qu’elle aura assez confiance pour contribuer sur ce site ? Est-ce que votre public est uniquement francophone ? Si oui, prenez garde à ce qu’il ne soit pas effrayé par un site entièrement en anglais. A l’inverse, il pourrait être intéressant de lancer votre campagne sur un gros site international ; vous pourriez séduire un tout autre public !

• KissKissBankBank (5% des fonds collectés) : est probablement la plateforme la plus réputée dans l’hexagone et supporte des projets musicaux à la pelle.
• KickStarter (5% des fonds collectés) : la référence pour tout type de projets.
• Patreon (de 5% à 12%) : une solution très populaire chez les créateurs permettant de proposer des abonnements mensuels pour accéder à des contenus exclusifs.
• Ulule (6,67%) : Ulule reste très populaire pour la scène musicale, en particulier pour la variété et le rock français. On retrouvera par exemple des artistes comme Les Fatals Picards, Sinsémilia ou Starrysky.

Faire financer sa production de vinyles en crowdfunding : une relation encore plus forte avec ses fans

On attribue souvent le crowdfunding à des gros projets de plusieurs milliers d’euros. Si on y pense, rien empêche de faire des crowdfundings plus petits, visant à financer la production d’un seul élément, comme les vinyles (pssst, on a écrit un article sur le sujet du merchandising). Mais il reste quand même des problèmes à régler : la production, des fournisseurs, de la gestion des précommandes, des paiements, des plateformes de logistiques…

Une société française s’est attaqué à régler ce problème, enfin ! Diggers Factory permet aux artistes de proposer du merchandising en pré-commande. Ils sont spécialisés dans la production de vinyles. Vous pouvez donc permettre à vos fans d’acheter votre vinyle à l’unité directement sur leur site. Il vous faudra fixer un objectif de pré-commande en accord avec eux et en dessous duquel aucune production ne sera lancée. Si le montant est atteint, la production est lancée, toutes les personnes ayant pré-commandé reçoivent l’objet, comme dans le crowdfunding traditionnel, à la différence notable que celui-ci reste définitivement disponible à l’achat sur le site de Diggers Factory. Si le montant n’est pas atteint, vous ne devez rien et n’avez rien avancé. C’est à notre sens, le moyen idéal aujourd’hui de gérer sa création de disque, merchandising et autre, car vous n’avez pas à supporter le coût de départ en achat de stock et le risque de ne pas tout vendre pour vous rembourser. Surtout que le disque reste en vente encore après !

C’est une vraie solution clé en main et ils ont une équipe dédiée au support, un très bon réseau de partenaires et optimisent l’ensemble de la chaine pour vous aider à réussir votre distribution : design, marketing, communication, contrôle qualité, chaîne d’approvisionnement, envois… C’est le meilleur équilibre entre crowdfunding et logistique de merchandising. Bref, un super service comme on les aime !

Notre coup de pouce 👊 Nos résidents Studiomatic profitent de 10% de réduction sur leur distribution Diggers Factory. Pourquoi vous ne deviendriez pas résident Studiomatic ? 😏

Faire financer son EP, son clip ou son album en crowdfunding : un exemple concret

On s’inspire sans vergogne de l’article de Wysidio pour te présenter un cas concret de campagne musicale brillamment menée.

Le groupe Pigeons Playing Ping Pong est un groupe de funk psyché de Baltimore. En septembre 2017, le PPPP lance une campagne sur KickStarter pour financer leur quatrième album studio : Pizazz. Voici comment se présente leur projet sur KickStarter.

1. Une vidéo : elle présente les membres du groupe avec un humour potache - on en convient volontiers - mais touchant.
2. L’histoire : le premier paragraphe répond à la question “Pourquoi ?”. Le groupe explique qu’après avoir donné “130-200 concerts par an ces cinq dernières années”, leur inspiration musicale était en feu. Tout était là pour un nouvel album studio, mais le constat est net : les gens n’achètent plus d’albums physiques et les coûts associés à leur production demeurent mirobolants.
3. Le sentiment d’urgence : les 50 premiers participants à hauteur de 100$ ou plus reçoivent une prestation privée. Les autres (qui participeraient donc à moindre hauteur) recevraient des goodies et du merchandising en édition limitée (vinyls, cartes postales, albums dédicacés et places de concerts VIP).
4. Peut-on proposer mieux pour les participations plus importantes ? Oui ! Pour les investisseurs à hauteur de 1000$ ou plus, le groupe offrait 2 places gratuites pour tous les concerts et tous les festivals dans lesquels le PPPP jouait. Oui oui ! Alors, quand on connaît le prix moyen des festoch’, autant vous dire que ça donnait vraiment envie aux fans de casser massivement la tirelire pour profiter de festivals “gratuits” toute l’année durant. A ces pass pour l’année s’ajoutaient, bien évidemment, tous les goodies possibles et imaginables.
5. Les mises à jour : le groupe a continuellement posté des updates concernant leur projet. Pigeons Playing Ping Pong aura ajouté des récompenses pendant toute la campagne, des messages de remerciements personnalisés, les dernières nouvelles de leurs avancées et… devinez quoi ? 30 jours auront suffit à ce groupe pour atteindre leur objectif. Avec 340 contributeurs au projet, ils ont engagé près de 22 000$.

Ça donne envie de se lancer, non ?